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LIBENSKY- BRYCHTOVA Exposition au CENTRE CULTUREL DE RENCONTRE ABBAYE DE NEUMUNSTER, LUXEMBOURG 20 mai 2005 au 11 juillet 2005
Mes réflexions pour le catalogue de l'exposition. Au printemps 2002, Stanislav Libensky nous quittait. Le monde du verre artistique portait le deuil et regrettait la disparition d'un pionnier de l'art du verre contemporain. Mais " le Professeur ", comme ses élèves l'appelaient, est et reste une figure emblématique dans le domaine de l'art du verre. Avec son épouse Jaroslava Brychtova, il maîtrisait, tel un chef d'orchestre le jeu complice entre lumière et verre. Le fils d'un forgeron a croisé, au début des années 50, la fille d'un des fondateurs de l'Ecole de Zelezny Brod et, de cette liaison, est né un couple aux deux noms, à tout jamais inséparables : Libensky et Brychtova. Ils ont écrit en un demi-siècle les pages les plus importantes dans le domaine de l'art du verre et ce, dans un environnement qui était loin d'être propice à leur créativité et à leurs prouesses artistiques, souvent révolutionnaires. Guerre, joug d'un régime communiste, chars d'assauts russes dans Prague en 1968… Puis la révolution de velours en 1989 qui ouvrait enfin le rideau de fer, ce rideau de fer que Libensky-Brychtova auraient tant aimé qu'il soit en verre. Mais tous ces événements n'ont-ils pas contribué à ce que le couple relève le défi et qu'il aille puiser au plus profond de ses réserves, de son énergie pour faire front et pour créer dans le sens d'Albert Camus qui a écrit dans " Le mythe de Sisyphe " : Créer, c'est vivre deux fois. N'ont-ils pas pendant les jours des ténèbres crée des sculptures en verre qui captent la lumière, l'emprisonnent, mais aussitôt la relâchent : mille fois embellie ? Ces rayons de lumière ont percé, malgré la volonté farouche du pouvoir politique, ce rideau de fer qui essayait de les emprisonner. Libensky-Brychtova réussissent à créer une grande brèche dans ce rideau de fer avec leur participation en 1958, à l'exposition de Bruxelles et en 1970 à l'exposition d'Osaka. Pour cette dernière, ils avaient imaginé une sculpture qu'ils pensaient intituler : " Violence ". Mais au vu des événements douloureux de 1968 la sculpture fut rebaptisée : " Le problème des petites Nations ". La machinerie infernale de l'état n'a pas eu raison de leurs forces créatrices : on n'a pas réussi à briser leur esprit de révolte vis-à-vis de l'autorité politique. Aujourd'hui, nous avons le grand honneur et l'immense bonheur de pouvoir accueillir des œuvres représentatives de Libensky-Brychtova. Dans un lieu historiquement très chargé et à plusieurs égards, il est possible de tracer des parallèles avec le vécu des deux artistes et l'enceinte de leur exposition à Luxembourg. En effet cet endroit a été, successivement, abbaye et école, caserne pour la garnison prussienne, hôpital, lieu de tortures et d'atrocités indicibles lors de la deuxième guerre mondiale, prison pour hommes, pour ensuite tomber dans un long sommeil, devenant ruine rongée par le temps. Aujourd'hui, il est devenu un lieu de rencontre des cultures, un témoin du passé. L'un des prisonniers de l'occupant allemand, l'artiste Lucien Wercollier est retourné au cloître, l'endroit de ses souffrances, et y a posé ses sculptures, sa " deuxième vie ". Le temps de l'exposition, avec l'accord de ses héritiers, Lucien Wercollier cède l'espace qui lui est réservé à un confrère, décédé la même année que lui, il partage son cloître avec Stanislav et l'on peut s'imaginer les deux hommes se remémorer le passé et regarder l'avenir. Nous avons le privilège de voir regroupé un ensemble de sculptures majeures conçues et réalisées par le tandem " Libensky-Brychtova ", dans un lieu particulièrement bien adapté, où le silence est maître des lieux et dans lequel l'espace et la lumière jouent merveilleusement bien à travers chacune d'elles. J. Hettinger Vice-Président de l'Association Luxembourgeoise pour l'histoire du verre du 21.11.2003 au 20.05.2005
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